Un peu d’histoire

A peine installée, Rome marque son empreinte par ces innombrables routes qui enserraient la Gaule conquise de leurs mailles étroites. Ces voies étaient si nombreuses que des études minutieuses n’ont pas permis d’en arrêter la liste complète.

De Durocortorum (Reims), capitale de la cité des Rèmes et de la seconde province de la Gaule Belgique, partaient en étoile des routes rectilignes vers Soissons, Bavay, Trèves, Châlons, Lutèce. Entre la seconde et la troisième d’entre elles, la table de Pentinger en indique une autre qui semble se diriger sur Cologne par Noviomagus et Mosa (la Meuse) ; de Durocortorum à Noviomagus, elle note une distance de 12 lieues gauloises, soit 26 kilomètres, et de Noviomagus à Mosa, 26 lieues, ou 55 kilomètres. La carte d’état-major reproduit quelques tronçons de cette voie de Saint-Loup, au sud de Château-Porcien, où elle franchissait l’Aisne (Portus, port, d’où vient Porcien), près de Sery, de Novion, de Viel-Saint-Remy, de Launois, au hameau de Pierrepont, à Barbaise ; on croit qu’elle traversait la Meuse à Warcq. Un vaste camp romain établi sur une colline isolée au nord de Sery commandait la route.

Au cours du siècle dernier, en labourant au lieudit le Pray, sur la droite de chemin de Faissault, on a mis à jour un four à chaux, un puits et d’autres débris de construction. L’établissement de la route de Rethel à Mézières a permis de trouver une pièce d’or à l’effigie d’un empereur. Des fouilles pratiquées en ce lieu avec méthode permettraient peut-être de reconstituer le plan du Noviomagus gallo-romain.

Ce mot est de pure racine celtique. Novios signifie nouveau. Le substantif gaulois magos, latinisé en magus, avait le sens du latin campus, champ, terrain, territoire ; on le retrouve dans le gaëlique irlandais magh (d’où Armagh) et dans le breton maez qui termine un assez grand nombre de vocables néo-celtiques. Ce nouveau champ était sans doute à l’origine une clairière conquise sur l’immense sylve qui s’étendait de l’Aisne jusqu’à la Sambre, un nouveau domaine crée par quelque riche colon.

En langue romane, la terminaison prit la forme om, avant de devenir on, ou quelquefois an ou en. Noviomagus a donné, suivant les régions, Noyon, Noyant, Nyon, Nouvion et Novion.

On trouve en 1147 Novio, en 1183 Noviun, et dès 1200 la forme actuelle Novion ; mais celle-ci a souvent cédé, au cours du XIIIème, du XIVème et du XVème siècle, le pas à la graphie Nouvion ou quelquefois Noviant, avant de triompher définitivement.